Pour comprendre Sons of Kemet, il faut d’abord raconter ce qui nourrit leur musique : Londres. Cette ville, gigantesque métropole cosmopolite, est à la croisée des musiques, des cultures et des identités. Dans ce vivier culturel, Shabaka Hutchings (également membre des projets The Comet Is Coming et Shabaka and The Ancestors) a puisé quelque chose de profondément hybride. Formé en 2011, Sons of Kemet propose une configuration instrumentale atypique : un saxophone ténor, une tuba (le brillant Theon Cross) et deux batteries. Une alchimie qui, dès le départ, fait écho aux musiques ancestrales, où les percussions et les mélodies se répondent dans un dialogue organique.
L’idée de fusionner les héritages culturels réside au cœur même de leur démarche. Si leurs racines plongent dans l’Afrique noire, le jazz caribéen et les traditions caribéennes (Shabaka est né à Londres mais a grandi à la Barbade), leur musique s’ouvre aussi aux sonorités contemporaines. Des rythmes afrobeat aux échos de grime londonien, chaque note raconte une histoire. Ainsi, chaque album devient un terrain d’expérimentation, où cohabitent à la fois la mémoire et l’improvisation.