Dès ses débuts, Wayne Shorter s'est démarqué par une sonorité unique, intensément lyrique et teintée de mystère. Il ne cherchait pas tant à impressionner par la virtuosité qu’à raconter des histoires, souvent abstraites, aux contours flous mais fascinants. Son jeu au saxophone soprano et ténor a une teinte presque cinématographique, un storytelling sonore qui fait la part belle aux silences, aux ambiguïtés et aux explorations audacieuses.
Dans son travail avec les Jazz Messengers de Art Blakey dans les années 1960, Shorter a commencé à inclure des compositions novatrices, mêlant mélodie et structure de manière inédite pour l’époque. Mais c’est chez Miles Davis, dans son célèbre Quintet des années 60, que Shorter a véritablement révélé son inventivité musicale. Aux côtés d’Herbie Hancock, Ron Carter et Tony Williams, il a contribué à un jazz où la liberté était totale, mais jamais au détriment de la cohésion. Ses compositions comme “Footprints” ou “Fall” témoignaient d'un esprit visionnaire qui repoussait les limites du bebop et du modal pour s’aventurer vers un jazz onirique, parfois abstrait.