Autre pierre angulaire de l’univers de Sun Ra : l’Arkestra, son orchestre légendaire. Là encore, rien n’était conventionnel. Il ne s’agissait pas d’un simple big band, mais d’une véritable communauté de musiciens unis autour d’une philosophie et d’une esthétique commune. Ses membres portaient des costumes inspirés à la fois de l’Égypte antique, de la science-fiction et des rituels africains. Selon Sun Ra, la musique était un rituel spirituel, une communion, presque une science magique. Quand il montait sur scène avec l’Arkestra, il ne donnait pas un concert. Il offrait une expérience, une porte ouverte vers une autre dimension.
Musicalement, l’Arkestra était un laboratoire vivant. Du free jazz à l’électro naissante, en passant par le swing et les musiques traditionnelles africaines, ils mélangeaient tout. Peu nombreux sont les orchestres capables de couvrir autant de styles tout en gardant une identité unique. Parmi leurs enregistrements les plus emblématiques, citons Space Is the Place (1973), un véritable manifeste artistique et philosophique. Ce titre phare illustre parfaitement la vision de Sun Ra : un mélange de chœurs incantatoires, de solos débridés et de grooves hypnotiques.