Dans le paysage du jazz des années 90, le format du trio piano-contrebasse-batterie semblait avoir atteint une forme de maturité, presque figée. Bill Evans, Keith Jarrett, Oscar Peterson : le modèle était déjà iconique, mais souvent tributaire de traditions américaines ou de standards revisités. C’est dans ce contexte qu’Esbjörn Svensson, accompagné de Dan Berglund (contrebasse) et Magnus Öström (batterie), fait irruption.
Ce qui frappe immédiatement chez e.s.t., c’est leur approche novatrice de l’interaction musicale. Leur musique est un dialogue constant, où chaque instrument a son mot à dire. La contrebasse de Berglund n’est pas seulement un soutien harmonique, elle rugit, chante ou produit des textures électrisantes grâce à des effets et des pédales. Quant à la batterie d’Öström, elle est bien plus que rythmique : elle raconte des récits, souffle le vent du nord, ou gronde comme un orage.
Dans un entretien donné en 2006, Svensson déclarait : « Nous avons toujours voulu élargir les limites, chercher ce qui se cache derrière le prochain mur. » Cette volonté de sortir des cadres se retrouve dans leur musique, qui mêle jazz, électronique, pop voire rock, tout en gardant une âme profondément improvisée.