Le nu-jazz bouillonne de figures tutélaires, artisans ou démiurges. Prenons par exemple Nils Petter Molvær, trompettiste norvégien, dont l’album “Khmer” (ECM, 1997) a fait office de manifeste. Molvær y mélange trompette en mode Miles Davis des années électriques avec beats lourds et textures ambient. L’album se vend à plus de 100 000 exemplaires — performance remarquable pour un opus instrumental pointu, (source : ECM Records).
Sur l’autre r rive, à Londres, The Cinematic Orchestra (Jason Swinscoe et sa bande) fait sensation avec “Motion” en 1999 puis l’immense “Every Day” (2002). Samples de films, grooves hérités du trip-hop et phrasés de jazz modal : la formule est cinématique, immersive. À Paris, c’est St Germain avec “Tourist” (2000), album devenu disque de platine en France, appuyé sur un sample de Marlena Shaw, qui ancre l’idée d’un jazz danseur, ouvert sur la house, la dub et l’Afrique (source : Les Inrocks).
Le nu-jazz se fait aussi collectif : le label allemand Compost Records sert de laboratoire à ce bouillon, regroupant des artistes comme Jazzanova, Beanfield, ou Koop. La compilation “Future Sounds of Jazz”, initiée en 1995, explose à partir de 2000, fédérant une communauté globale de producteurs, DJs et musiciens en quête de nouveaux alliages.