L’irrésistible appel des machines
En pleine révolution technologique, les synthétiseurs, boîtes à rythmes et séquenceurs envahissent les studios. L’impact est immédiat sur le jazz : le son s’épaissit, s’électrifie, se pop-ise. Comment ignorer le raz-de-marée de Herbie Hancock, ex-oracle de Blue Note, avec son album Future Shock (1983) ? Piloté par le producteur Bill Laswell et dopé au Fairlight CMI, Hancock propulse le titre “Rockit” en tête des charts internationaux. La France découvre le jazz à la télévision sur Champs-Élysées, avec ce tube inclassable qui séduit autant la jeunesse breakdance que les puristes perplexes.
, c’est le manifeste d’une ère décomplexée : talkbox, scratching, vidéo-clip halluciné et groove cybernétique. Hancock, mais aussi le Weather Report de Joe Zawinul (album Procession, 1983), s’offrent à l’effervescence de la pop-électronique. On assiste à un moment-charnière où le jazz, loyal à son ADN d’expérimentateur, fait un pied de nez à ceux qui le croyaient condamné à la marginalité.
- 1982 : Miles Davis ressuscite son génie avec The Man With The Horn, convoquant de jeunes musiciens venus du funk (Marcus Miller, Mike Stern) – une bande-son presque pop dans la démarche.
- 1984 : Les formations françaises (Sixun, Eric Le Lann) puisent sans complexe dans les motifs neo-soul et pop hexagonale, réconciliant l’esprit jazz avec le grand public.
- 1985 : Les Crusaders, reformatés, flirtent avec la résonance de la soul et du R&B (album Street Life avec Randy Crawford, qui sera vendu à plus de 2 millions d’exemplaires, Source : Billboard).