Le jazz, par essence, est une musique d’appropriation, née de la collision entre les chants africains, le blues, les fanfares européennes. Cette capacité à absorber ses environnements immédiats a été illustrée tout au long du XXe siècle – du be-bop jouant avec la modernité urbaine des années 40 à la fusion avec le rock dans les années 70 (pensez à Miles Davis et son Bitches Brew de 1970).
De tous temps, le jazz a donc été avide de nouveaux langages. Mais dans les années 2010, ce n’est pas un instrument “physique” que le jazz embrasse, mais une façon d’appréhender le son. La démocratisation des logiciels comme Ableton Live ou Logic Pro, l’explosion des home-studios et le boom de la culture beatmaking ont réinventé les frontières du possible. Soudain, l’instrument devient la production elle-même. Selon une étude de Music Trades (2018), les ventes mondiales d’instruments électroniques ont augmenté de 23% entre 2010 et 2017, une tendance visible sur les scènes jazz les plus innovantes.