Les années 2020 marquent un basculement : si la société tangue, le jazz prend la vague. Il ne se contente plus de jouer les passe-muraille, il devient lui-même le terrain de tous les brassages. Pas une posture, mais un geste vital : s’échapper des répétitions, recoller les morceaux de mondes qui éclatent. Loin d’un syncrétisme naïf, c’est la recherche d’un nouveau souffle, d’un espace partagé où l’improvisation tente de réenchanter l’incertain du quotidien.
Écoutez Blue Note Re:imagined (2020) ou London Brew (2023) : ici, une école du cut-up esthétique se dessine, convoquant Herbie Hancock, Aphex Twin, John Coltrane et Little Simz dans la même galaxie sonore.
Le jazz, indompté, n’a jamais eu tant d’avenirs possibles que sous les doigts de cette génération transgenre : tantôt militant, tantôt poète, polymorphe jusqu’au vertige, mais toujours en marche, habité par l’urgence du métissage.