Le sampling, véhicule d’un parfum jazz dans le hip-hop
On ne saurait parler du sampling dans les années 1990 sans évoquer l’influence du jazz sur la Golden Era du hip-hop. Les productions d'ATCQ, De La Soul ou Gang Starr redonnent une seconde vie aux albums de Grant Green, Ahmad Jamal et Eric Dolphy. D’après une étude publiée en 2019 dans Popular Music, plus de 25 % des titres hip-hop sortis entre 1991 et 2000 comportent au moins un sample issu du jazz (cf. « Popular Music »).
- En 1995, The Roots sort « Do You Want More?!!!??! », alliant samples de jazz-funk et instrumentistes live.
- DJ Premier (Gang Starr) est passé maître dans l’art de faire swinguer le sampler avec ses boucles de jazz abrasives.
- Digable Planets samplent Art Blakey (Rebirth of Slick (Cool Like Dat)), signant un Grammy Award en 1994.
Au fil de ces expérimentations, le jazz n’est plus seulement une source iconographique ou un sample à recycler : il devient pilier du groove urbain.
Le jazz s’approprie le sampling : vers une hybridation organique
Certains jazzmen des années 1990 ne se contentent plus d’être « samplés » : ils samplent à leur tour. On pense à Herbie Hancock qui, sur Dis Is Da Drum (1994), triture ses propres enregistrements au sampler. Ou à Miles Davis, qui, déjà dans ses derniers albums (lire Doo-Bop, 1992), côtoie les machines et les beats dans une fusion inédite, entre flow rap et phrases de trompette.
Le sampling entre dans la palette du jazz moderne : du collage digital de DJ Spooky à la relecture d’anciens disques par Medeski Martin & Wood, chaque geste de sampler se charge d’une poétique nouvelle. Le jazz, ancré dans le « ici maintenant », épouse la répétition, la boucle, la mémoire, et forge ainsi une nouvelle esthétique de la « musique-monde ».