Dans les albums d’Erik Truffaz, comme dans ceux nés de ses collaborations, la frontière entre le live et le studio s’efface. Prenons par exemple l’album “Bending New Corners”, un incontournable de sa discographie. Ce disque de 1999 marque une étape clé : Truffaz y intègre des éléments issus de musiques urbaines, flirte avec le trip-hop et s’inspire de productions électroniques comme celles de DJ Shadow. La texture des morceaux, entre groove lancinant et nappes planantes, ose le dialogue entre la précision de l’électro et l’organique du jazz.
Une démarche nourrie par le live
Mais c’est sur scène que ce mariage prend toute sa dimension. Lors de ses concerts, Truffaz transforme chaque performance en laboratoire. À Londres, lors d’une série de shows au Ronnie Scott’s, il n’a pas hésité à introduire des séquences enregistrées à la volée et à les mixer en temps réel avec ses improvisations, créant un univers onirique et imprévisible.
Avec Murcof, notamment à travers l’album “Being Human Being” sorti en 2014, cette expérimentation atteint de nouveaux sommets. La rencontre entre la trompette aérienne de Truffaz et les paysages électroniques de Murcof produit une musique qui échappe aux prescriptions du jazz classique — portée par une rythmique suspendue, presque cinématographique. Ce disque, pensé comme une immersion sensorielle, crée une dynamique où les sons digitaux ne sont plus des artifices, mais bien des instruments à part entière.