Impossible de parler d’instruments électroniques sans honorer les premiers explorateurs. Dès la fin des années 1960, des figures telles que Miles Davis et Herbie Hancock allument la mèche. Miles, avec “Bitches Brew” (1970), enrôle claviers électriques, pédales d’effets, synthés Moog et Fender Rhodes pour distordre le jazz et créer un son hypnotique, “électrique”. L’auditeur est à la fois dérouté et captivé : la critique se déchire, nombre de puristes crient à la trahison.
Herbie Hancock, lui, ira jusqu’à abandonner presque totalement le piano acoustique au profit du Rhodes, poussant l’expérimentation plus loin sur l’album “Head Hunters” (1973). L’impact est colossal : plus d’un million d’exemplaires vendus, une boucle de basse électronique partie faire le tour du monde, y compris chez les pionniers hip-hop. L’électronique devient alors l’un des fers de lance du jazz-funk, nourrissant les futures scènes acid jazz et broken beat (source : AllMusic, NPR).
- 1968 : Le pianiste Sun Ra intègre les premiers synthétiseurs modulaires sur scène.
- 1971 : Les ARP 2600 et Minimoog débarquent dans les studios de jazz américain.
- 1977 : George Duke, Chick Corea plongent dans le monde du Clavinet et du Prophet-5, brouillant toujours plus les pistes.
La rupture est-elle consommée ? Non. Le jazz s’invente dans la friction, et l’électronique devient un nouvel organe vital, toujours en tension entre conservation et révolution.