Pour comprendre comment Kokoroko incarne le renouveau du jazz afrobeat, il faut replacer leur succès dans un contexte plus large : l’effervescence de la scène jazz londonienne de ces dix dernières années. Des artistes comme Ezra Collective, Nubya Garcia ou Sons of Kemet forment une constellation mouvante où les musiciens collaborent, se croisent et se nourrissent artistiquement dans une furieuse quête de modernité.
Londres, bastion historique des diasporas africaines et caribéennes, s’est révélée être un terrain fertile pour cette résurgence musicale. Le melting-pot culturel de la ville joue un rôle central dans l’émergence de formations comme Kokoroko, dont les membres partagent souvent des origines africaines et britanniques. Mais là où Kokoroko se démarque, c’est par leur attention minutieuse aux textures sonores et rythmiques proprement africaines.
La résurgence des influences de Fela et Tony Allen
Impossible de parler de l’afrobeat sans évoquer Fela Kuti et Tony Allen, les architectes du genre. Kokoroko ne cache jamais ses influences et accepte humblement cet héritage monumental. Ils utilisent cependant ces racines comme base – jamais comme finalité.
Chez eux, le beat caractéristique de l’afrobeat se module au gré des explorations. Moins frénétique que le style original, leur afrobeat intime et feutré se laisse subtilement envahir par des touches de néo-soul, de hip-hop ou même d’ambient. Et pourtant, l’esprit reste le même : une musique de résistance, un médium pour exprimer une double identité culturelle.