Pour comprendre la signature sonore de Yussef Dayes, il faut se pencher sur sa façon d’appréhender le rythme. Le jazz, dans son essence, repose sur la liberté, l’improvisation et l’exploration ; l’héritage hip-hop, quant à lui, injecte des beats précis et souvent minimalistes, liés à la production. Dayes, lui, combine les deux dans une esthétique qu’on peut difficilement enfermer dans une seule case.
1. Une maîtrise du swing et de l'improvisation jazz
- Yussef Dayes joue avec une grande liberté dans ses patterns rythmiques. Écoutez "Love Is The Message", un enregistrement live de l’artiste, et vous entendrez des polyrythmies complexes, influencées à la fois par la tradition jazz et les percussions africaines. Dans ce morceau, il jongle avec des motifs en constante évolution tout en laissant de la place aux autres musiciens.
- Sa capacité à improviser en temps réel est fascinante : chaque concert est unique, le rythme n’est jamais figé, et les transitions se font de manière organique.
2. Le flirt avec le hip-hop et ses beats millimétrés
L’autre facette de Dayes réside dans son amour pour le hip-hop, en particulier celui de la vieille école. Il a souvent cité J Dilla, le légendaire producteur, comme l’un de ses héros. L’influence de Dilla se ressent notamment dans l’approche “offbeat” (désalignement subtil entre les frappes, parfois presque en retard, qui crée une tension rythmique irrésistible). Cette esthétique caractérise des morceaux comme “Black Classical Music”, extrait de son album avec le bassiste Tom Misch, où le groove rencontre une certaine lassitude créative propre au hip-hop.
3. Broken beat : cette autre composante de son ADN musical
Enfin, impossible de comprendre Yussef Dayes sans passer par le prisme du broken beat. Né dans les années 90 à Londres, ce courant mêle jazz, house et funk, avec une approche complexe des rythmiques syncopées. Yussef, en tant qu’enfant de cette scène, en a absorbé les codes. Les exemples abondent, notamment dans ses collaborations avec des artistes comme Mansur Brown (guitariste expérimental) ou Alfa Mist (pianiste et beatmaker). On y retrouve des drum patterns éclatés qui semblent jouer contre le temps mais finissent par retomber parfaitement en place.